Lettre aux fidèles: La cérémonie d'ouverture des J.O. 2024
Abbé Christophe Legrier | 4 Août 2024 |
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Chers fidèles,
De très nombreuses voix se sont déjà élevées dans le monde pour dénoncer le scandale causé lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris, ce vendredi 26 juillet. Il est heureux qu’après la diffusion mondiale d’un tel spectacle, les protestations se fassent entendre de toute part.
Bien plus qu’un simple spectacle de mauvais goût, cette cérémonie est l’expression du programme « wokiste » (selon l’appellation devenue commune). Les valeurs inversées de la cité des ténèbres ont été présentées au monde comme les nouvelles lois fondamentales de l’humanité à venir : haine de Dieu et de son Église, manifestée par la représentation blasphématoire de la sainte Cène ; haine de l’État catholique, exprimée par la représentation morbide et sadique de la reine de France Marie-Antoinette, décapitée sous la Révolution française ; haine de la loi naturelle, qui s’exhalait de cette assemblée d’êtres pervertis par la débauche et les vices contre-nature. Et pour que rien ne manque, il nous fut signifié que ce programme de révoltés-dégénérés devait être inculqué aux hommes dès la plus tendre enfance : c’est du moins ce que l’on croit comprendre, à la vue de cette fillette placée au milieu d’adultes pervertis, ou encore à la vue de cette barque emmenant un groupe d’enfants, sous la direction d’un homme sinistre. Dans l’un et l’autre cas, des petits enfants, sans leurs parents, pris en main par le nouvel ordre mondial…
« Liberté ! » disent-ils. Mais de quelle liberté parlent-ils ? Depuis 200 ans, c’est ce mot magique et menteur qui sert de bouclier à tous les régimes totalitaires et aux pires injustices. Ce mot de Liberté est en réalité « un voile de méchanceté », selon les mots de saint Pierre (1 Pe 2/16), le cri de guerre déguisé de ceux « qui ne plaisent pas à Dieu, et sont ennemis des hommes », selon les mots de saint Paul (1 Thess 2/15).
Doit-on s’étonner qu’une telle impiété se soit manifestée en France, pays de tradition catholique ? Malheureusement non. Le régime actuel de la France est fils de la Révolution française qui a constamment haï l’Église de Jésus-Christ. En 1905, après plusieurs années de vexations et de persécutions, ce régime a rompu les liens qui unissaient l’État à l’Église depuis des siècles, retirant à celle-ci tous les droits qui lui étaient propres. Le pape saint Pie X avait, à l’époque, averti en ces termes : « Qu’il faille séparer l’État de l’Église, c’est une thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur1 », car « cette thèse est la négation très claire de l’ordre surnaturel ». Rappelant que nous sommes créés pour conquérir le bonheur du ciel, saint Pie X précisait que « non seulement le pouvoir civil ne doit pas faire obstacle à cette conquête, mais il doit encore nous y aider2 ».
L’État « neutre » et sans religion commet donc, d’après saint Pie X, une première faute en n’aidant pas l’Église dans sa mission de salut et il en commet une seconde, lorsqu’il devient « un obstacle à cette conquête » du ciel, en se faisant le promoteur du blasphème et de la perversion. La scandaleuse cérémonie des Jeux Olympiques est la manifestation de cette double faute de l’État laïc, en ce que non seulement un tel spectacle n’aide pas l’Église dans sa mission salvifique, mais plus encore oppose un refus très clair à cette mission divine.
Cette double faute de l’État sans religion, dont la récente cérémonie des J.O. fut une manifestation éclatante, appelle l’attention des catholiques sur ce point de doctrine. Est-il cohérent qu’un catholique proteste contre les délires « wokistes », tout en se félicitant d’avoir un État « neutre » et sans religion ?
Le Concile Vatican II3 s’est fait le champion de l’État neutre, et en agissant de la sorte, ce Concile a contredit totalement la doctrine sociale de l’Église telle qu’elle avait été enseignée jusqu’alors par les papes. Qu’on relise, pour s’en rendre compte, l’encyclique Vehementer nos de saint Pie X, déjà citée, l’encyclique Immortale Dei de son prédécesseur Léon XIII, sur la constitution chrétienne des États, ou encore l’encyclique Quas Primas du pape Pie XI, sur la royauté sociale de Jésus-Christ4 . A la suite de ce Concile Vatican II, les papes et les évêques ont constamment revendiqué la « neutralité » religieuse pour l’État, et le droit commun de toutes les associations pour l’Église : il était donc dans la logique des choses que la doctrine divine de l’Église soit publiquement et officiellement rabaissée au rang d’opinion privée. Comment s’étonner alors que les pouvoirs publics, promus par le fait même arbitre suprême de la société – la doctrine de l’Église n’étant désormais rien de plus qu’une opinion privée – ne finissent par s’arroger pour eux-mêmes le droit de dire le bien et le mal, le vrai et le faux, au nom de « l’ordre public », de la « tolérance », de « l’inclusivité », du « vivre-ensemble » ou de je ne sais quelle « fraternité » ? Car la réalité est que personne, pas même l’État, ne peut échapper aux questions morales et religieuses. Si l’Église catholique n’est plus le critère de référence pour ces matières, alors qui le sera ? l’État trouvera nécessairement un autre critère et nous voyons clairement que les sociétés apostates ont choisi le « wokisme » comme critère de référence. Il y a donc une logique implacable entre la doctrine de l’État sans religion et la diffusion de l’impiété dans la société, car en réalité la « neutralité » en matière morale et religieuse n’est tout simplement pas tenable. Ce n’est pas pour rien que Notre Seigneur disait : « Qui n’est pas avec Moi est contre Moi ».
Pour combattre efficacement ces infections « wokistes » qui menacent de ruiner l’humanité elle-même, il est donc indispensable que l’Église revienne à sa propre doctrine, qu’elle reconnaisse à nouveau que Notre Seigneur Jésus-Christ a autorité sur les États et sur les sociétés, en raison de sa nature divine, et que son enseignement n’est pas une simple opinion privée que les États peuvent à loisir ignorer, discuter ou parodier, selon les exigences des pseudo-valeurs arc-en-ciel du moment.
Aujourd’hui, où cette autorité divine du Christ est niée, se réalise pleinement les paroles du pape saint Pie X qui avertissait en 1906 que si l’Église est séparée de l’État, « la notion du vrai en sera troublée, et les âmes remplies d’une grande anxiété5 ». Quelque quatre-vingts années plus tard, S.E. Mgr Marcel Lefebvre dénonçait dans un courrier à Rome6 la doctrine de l’État sans religion comme une « orientation nouvelle, contraire au passé de l’Église, ayant des conséquences incalculables de désorientation des esprits et d’anarchie dans tous les domaines ». Les « conséquences incalculables » de cette nouvelle orientation de l’Église sont sous nos yeux. Elles ont été présentées au monde comme un programme de société, ce vendredi 26 juillet, à Paris. Le clergé, les évêques, les cardinaux et le pape en tireront-ils les conséquences ? Vont-ils réaliser que la destruction du « wokisme » passera nécessairement par un retour à la doctrine du Christ-Roi ? Aussi bien, Notre-Seigneur n’attend-il que cet acte de foi pour opérer le redressement moral et religieux de l’Église et de la société.
En attendant, notre réaction doit associer la prière à la manifestation publique de notre foi. Beaucoup de prêtres ont insisté sur la nécessité de protester publiquement, et cette insistance est très juste7 . Pensons à dire autour de nous, et sur les réseaux sociaux – pour ceux qui en font usage - que nous proclamons notre foi en la Royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ, et qu’à ce titre, nous dénonçons le blasphème exprimé ce vendredi 26 juillet, aux J.O. de Paris.
Nous réparerons aussi par une dévotion particulière à la sainte Messe et au Saint-Sacrement, car ce sont bien ces merveilles divines qui ont été blasphémées publiquement.
Que l’on se console enfin en se rappelant les paroles de la sainte Vierge aux enfants de Fatima : « à la fin, mon Cœur Immaculée triomphera ».
Que Dieu vous bénisse !
Abbé Christophe Legrier
Supérieur du District d'Afrique
- 1Encyclique Vehementer nos, du 11 février 1906, sur la séparation de l’Église et de l’Etat.
- 2Ibid.
- 3Déclaration Dignitatis humanae du 7 décembre 1965, sur la liberté religieuse.
- 4Citée par M. l’abbé de Jorna, Supérieur du District de France, dans son communiqué du 27 juillet (La Porte Latine).
- 5Encyclique Vehementer nos, du 11 février 1906, sur la séparation de l’Église et de l’Etat.
- 6Présentation des Dubia sur la liberté religieuse, 22 mai 1987.
- 7 Blasphémateur Olympique, 28/07/2024. You Tube, Saint Nicolas du Chardonnet. Cf également le sermon de l’abbé Chris Alar, du 28/07/2024, You Tube : Defend Jesus : Whom to contact at the Olympics. M. l’abbé Alar est un prêtre Marianiste.