Argentine : vives réactions à la fermeture du séminaire de San Rafael

Source: FSSPX Actualités

Mgr Eduardo Maria Taussig

L’annonce de la fermeture du Séminaire Santa Maria Madre de Dios, du diocèse de San Rafael, dans la province argentine de Mendoza, a provoqué la stupeur de nombreux fidèles et prêtres diocésains.

La décision de fermer le séminaire à la fin de l’année académique a été prise par la Congrégation pour le Clergé, dont le préfet est le cardinal Beniamino Stella, et communiquée aux évêques argentins en juillet. D’ici décembre, 40 séminaristes devront poursuivre leur formation dans d’autres séminaires argentins.  

Près de 80% des prêtres du diocèse ne comprennent pas cette décision, et ont écrit à la Commission exécutive de la Conférence épiscopale argentine pour demander des explications sur les motifs de cette décision brutale. 

Depuis plusieurs semaines, après l’autorisation de la reprise des célébrations religieuses en temps d’épidémie, la décision de la distribution de la communion exclusivement dans la main a suscité une vive controverse chez les fidèles. La situation a pris une tournure inattendue avec la démission du recteur du séminaire, le P. Alejandro Ciarrocchi, des lettres ouvertes et des prises de position publiques, dont une manifestation massive devant le séminaire, qui a valu aux protestataires d’être poursuivis par la justice pour avoir enfreint les règlements établis par le gouvernement provincial concernant la pandémie. 

Face aux protestations, Mgr Eduardo Maria Taussig, évêque de San Rafael, s’est contenté de déclarer aux médias argentins que la décision avait été prise « par le Saint-Siège » et non par le diocèse. Mais les détracteurs de la décision romaine en font porter la responsabilité à l’évêque, et rappellent que depuis la fondation du Séminaire Santa Maria Madre de Dios, environ 150 prêtres ont été ordonnés. Le diocèse compte un prêtre pour 2300 habitants, la moitié d’entre eux exercent leur ministère dans d’autres diocèses (avec trois paroisses desservies à Cuba), il y a 40 séminaristes et plus de 30 enseignants diplômés d’études supérieures. Parmi les prêtres ordonnés ces quinze dernières années, un seul a quitté le ministère. « Ne s’agit-il pas là de données significatives ? », écrivent 70 prêtres dans le quotidien local Diario San Rafael

La question de la communion dans la main ne serait que le signe extérieur d’une crise plus profonde. Le problème réel serait le fait que le séminaire n’adhérerait pas pleinement au concile Vatican II et à la Ratio fundamentalis, le programme romain officiel pour la formation des futurs prêtres. Selon le P. Antonio Alvarez, porte-parole du diocèse de San Rafael, la décision de fermeture a bien été prise par le Saint-Siège qui veut que « les séminaristes soient déplacés pour être libérés de cette influence [traditionnelle] et correctement formés pour le sacerdoce [selon les nouvelles normes conciliaires]. »

On juge l’arbre à ses fruits : partout où les normes conciliaires sont appliquées les séminaires se vident. Dans ces conditions, les réticences des séminaristes et de leurs professeurs paraissent plus que légitimes ; ils comprennent que, dans les faits, conciliaire est synonyme de suicidaire. Pour mémoire, il n’y a eu que 57 ordinations sacerdotales pour les 27 diocèses d’Allemagne, en 2020 ; et seulement 55 en 2019. Dans les années 1960-1970, il y en avait plus de 300 par an.