La Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 19 du Zimbabwe - Mars 2014

Source: District d'Afrique

Abbé Pius Nanthambwe

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Tinotenda Mwari! Deo Gratias! En shona ou en latin, Merci Mon Dieu! Après trois années d'épreuve, deux prêtres sont maintenant à demeure au Zimbabwe pour l'apostolat du prieuré Saint Joseph! Quel soulagement et quel bonheur pour tous les fidèles de retrouver enfin la stabilité au prieuré avec leurs prêtres attitrés, confesseurs et pasteurs d'âme réguliers. La confiance renaît et toute la vie paroissiale reprend, la Sainte Messe et les confessions bien sûr, mais aussi les dévotions, les catéchismes, les visites des malades, les préparations aux sacrements, les associations pour les servants de Messe, pour les jeunes filles, la Croisade Eucharistique, La Légion de Marie, les retraites de Saint Ignace, l'aide pour les pauvres, et tout le reste.

Comme vous le savez, le Jeudi Saint 2011 fut épique, les deux prêtres et le frère devaient quitter le pays sur le champ, laissant tout sur place derrière eux, faute d'avoir pu obtenir le permis de séjour dans le pays et au grand désarroi de leurs fidèles qui les appréciaient tant. Une belle Croix pour ce fameux Vendredi Saint, elle restera gravée dans la chronique du prieuré!

Monsieur l'Abbé Duverger réagit tout de suite à ce grave évènement dans son district et tout s'organisa depuis l'Afrique du Sud pour envoyer des prêtres de remplacement. Mais les prêtres ne pouvaient venir dans le pays seulement par périodes de quelques jours. Ce fut un surcroît de peine et d'efforts pour tous les prêtres de l'Afrique Australe, déjà bien occupés par leurs ministères respectifs, de venir à tour de rôle assurer les Messes au prieuré. 

Les prêtres ont dû faire le sacrifice de leur vie de communauté, ils se sont retrouvés seuls en effet, quittant leur poste pour venir en aide aux fidèles du Zimbabwe, puis de retour en Afrique du Sud, à nouveau seuls puisque le confrère devait prendre la relève. Il est arrivé que les prêtres n'aient qu'un quart d'heure de vie commune en deux mois consécutifs, sur un banc d'aéroport, pour s'échanger les clefs des prieurés et s'entendre mutuellement en confession. Et puis que de travail, faire tourner toutes ces maisons à distance, dépourvus de l'entraide mutuelle entre prêtres, faire en quelques jours le travail que d'autres faisaient à plusieurs et avec plus de temps. 

Et il le fallait bien, les âmes rachetées au prix du Sang du Rédempteur valaient bien que nous y mêlions nos efforts afin que soit maintenue coûte que coûte la présence sacerdotale pour ces âmes courageuses, fidèles depuis plus de 27 ans à la Tradition et à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Alors tout le monde s'est mis à redoubler de prières, avec des neuvaines à Saint Joseph, patron du prieuré, sans compter toutes les tentatives administratives pour obtenir des permis pour les prêtres, qui sont loin d'être faciles en Afrique où tout prend quatre fois plus de temps et d'énergie que partout ailleurs.

Et puis les prières ont été exaucées. Après de multiples tentatives infructueuses la nouvelle tombe fin 2013, le jour de la fête du Saint Rosaire. Un permis est d'abord obtenu, il est daté de la fête de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, c'est pour l'Abbé de Clausonne en poste à Cape Town, qui apprend la nouvelle alors qu'il est en mission à Madagascar. Le temps de faire les adieux à ses fidèles, l'Abbé pourra célébrer Noël à Harare. Le second visa est refusé, mais les saints anges n'en restent pas là: après appel de la décision le deuxième permis est finalement obtenu en la fête de Notre-Dame de la Rue du Bac, pour l'Abbé Saa, en poste à Durban. Il rejoindra le prieuré en février 2014 après avoir passé la main de sa florissante mission auprès des Zulus.

« Le frère aidé de son frère est une citadelle imprenable » dit le proverbe, et le démon voulait l'assiéger, en portant atteinte à la vie de communauté, justement si chère à Monseigneur Lefebvre qui en savait l'importance. Quelle joie donc de la retrouver, Merci Mon Dieu! 

Nous avons des visas pour un an avec le bon espoir de pouvoir les renouveler, en effet, notre situation est maintenant régularisée et nous repartons sur les bases solides d'une résidence légale, toutes les autorités du Zimbabwe qui nous ont témoigné leur indulgence ont notre sincère gratitude. 

Il faut bien vous l'avouer chers amis et bienfaiteurs, cette épreuve n'a pas été sans porter dommage à l'apostolat et aux finances. Il a fallu fermer des centres de Messe ainsi que l'école et il était trop tôt pour certains fidèles qui n'étaient pas encore confirmés dans leur Foi, pour porter une telle épreuve. Certains seront même retournés à leurs pratiques païennes faute d'avoir le suivi de leur pasteur d'âme. C'est un peu comme un coup de gel en plein printemps qui condamne la récolte de fruits pour l'année. Le missionnaire le sait, la floraison d'une âme à la grâce divine est un travail extrêmement délicat qui nécessite une attention persévérante et de tous les instants. Le démon savait très bien aussi qu'il découragerait un grand nombre en faisant partir les prêtres. Les fidèles parmi les fidèles sont ceux de la première heure qui avaient déjà trempé leurs convictions dans le creuset du combat. 

Les deux nouveaux prêtres ont donc un travail colossal sur la planche, aller à la recherche de toutes ces âmes inscrites dans nos registres et qui doivent retourner au bercail du salut.

Mais quel coup dur aussi pour les finances, tous ces billets d'avions ont tout simplement ruiné la comptabilité du prieuré, et la remise en route du prieuré passe par une multitude de réparations coûteuses faute d'entretien courant pendant trop de temps. Pour tout vous dire, afin de faire face à cette situation exceptionnelle et pour éviter la banqueroute totale, la voiture du prieuré que les confrères avaient achetée grâce à votre générosité a dû être revendue l'année dernière déjà…

L'heure est donc à la reconstruction, nous sommes pleins de courage, mais il nous faut votre aide. Cette crise a été très lourde à porter, alors que la mémoire et les blessures de la précédente crise étaient encore vives, quand il n'y avait plus rien à manger dans les magasins et que vous avez été si charitables en envoyant vos colis de nourriture à Monsieur l'Abbé Gendron. Aujourd'hui il nous faut reprendre le chemin des missions de Tafara, de Kuwadzana, et au delà de nos frontières avec la Zambie, mais nous ne pourrons pas le faire à pied! Nos factures dépassent nos maigres revenus, mais nos coeurs portent une immense espérance car le travail et les prières nous ramènent déjà quelques âmes, nous avons doublé le nombre de nos fidèles en un mois, dont plus d'une centaine sont inscrits au catéchisme.

Bien chers amis, le Zimbabwe est une terre magnifique qui peut donner à Dieu de si belles âmes, c'est un pays qui a beaucoup souffert, mais qui présente l'avantage d'être encore protégé de la décadence des pays Occidentaux sur bien des plans. Ici on peut faire de la prison pour une atteinte à la pudeur, on est si loin des aberrations qui abreuvent vos informations quotidiennes. De la Croix de l'épreuve de nouvelles fleurs d'Afrique pourront fleurir encore comme ce fut le cas avec la vocation sacerdotale de l'Abbé Pius Nanthambwe, il ne s'est pas écoulé dix années entre son baptême et son ordination sacerdotale, reçue en décembre dernier dans notre séminaire de La Reja! Un fruit de vos générosités passées, quelle émotion lors de sa première Messe et de ses bénédictions! Nous avons aussi la joie d'envoyer au noviciat de frères un jeune homme, Paul Chomba, et nous aurions bien besoin de lui déjà maintenant! 

Alors de grâce aidez-nous, par vos prières et en faisant une aumône de Carême, vous nous permettrez de sauver des âmes et vous en sauveriez une seule que votre salut en serait conforté! Nous célébrerons la Sainte Messe du premier samedi du mois pendant six mois consécutifs à l'intention de tous nos bienfaiteurs. 

Que le Bon Dieu vous bénisse et que saint Joseph vous protège. 

En la fête de Saint Joseph,

Abbé de Clausonne+