De la prière pour le défunt pape et le prochain conclave

Lettre aux fidèles du District d’Afrique à propos du défunt pape et du prochain conclave
Par Monsieur l'abbé Christophe Legrier, Supérieur du District d'Afrique
Chers fidèles,
Après le décès du pape François, le lundi de Pâques 2025, notre Supérieur Général, M. l’abbé Davide Pagliarani, a demandé qu’une Messe de Requiem soit célébrée dans toutes nos chapelles pour le repos de l’âme du défunt pape. Notre Supérieur Général a également demandé la récitation, dans toutes nos maisons, d’une neuvaine préparatoire au prochain conclave. Tous les fidèles de nos chapelles ont été invités à se joindre à ces prières.
Ces deux appels à la prière sont une occasion de renouveler notre foi en la mission divine confiée au successeur de Pierre, évêque de Rome et chef de l’Église universelle.
Parlons tout d’abord de la prière pour le défunt pape. Ce n’est un secret pour personne que le pape François, loin de « confirmer ses frères dans la foi »1, les a au contraire scandalisés, en dénigrant systématiquement ceux qui s’efforcent de mener une vie chrétienne conforme à la Tradition de l’Église, en attaquant des points de morale restés intacts jusqu’à son Pontificat, en aggravant l’indifférentisme religieux, et en renversant de fond en comble la structure même de l’Église à travers le Synode sur la « Synodalité ».
Si malgré cela, nous prions officiellement pour le repos de son âme, c’est parce que nous croyons fermement que l’évêque de Rome est le dépositaire du pouvoir suprême et universel institué par Jésus-Christ, quelles que soit ses défaillances personnelles. Cette plénitude du pouvoir divin détenu par l’évêque de Rome engendre trois conséquences :
- La première est qu’un pape défunt ne saurait être privé des prières publiques de l’Église, car la privation de ces prières est une peine ecclésiastique, et aucun membre de l’Église n’a autorité pour infliger une peine au Souverain Pontife. Seuls ses successeurs auront ce pouvoir.
- La seconde conséquence est que la personne du pape assure la visibilité et l’unité de l’Église, même si son attitude personnelle tend à détruire cette unité. Qu’on apprécie François ou qu’on ne l’apprécie pas, il est un fait que de son vivant, sa seule présence rappelait à toute personne l’existence de l’Église catholique. Cette visibilité est essentielle à la survie de l’Église.
- La troisième conséquence est que l’existence même du pape François nous assurait qu’il aurait un successeur. Si nous n’avons pas eu le bonheur d’être témoin du retour de la Tradition sous son Pontificat, du moins gardons-nous la ferme espérance qu’un jour, l’un de ses successeurs enseignera et gouvernera dignement l’Église.
Notre prière publique pour le défunt pape, en plus d’être un acte de charité pour lui, est donc aussi un acte de foi en cette autorité divine donnée par Dieu au successeur de Pierre, autorité qui garantit l’unité, la visibilité, et la permanence de l’Église, malgré les errements personnels du pape.
Parlons à présent de notre prière en vue du prochain conclave. Le futur pape sera investi immédiatement par Notre Seigneur Jésus-Christ de ce pouvoir suprême sur toute l’Église. Ce pouvoir a un triple but : enseigner la foi transmise par les Apôtres ; gouverner l’Église pour y promouvoir l’ordre divin ; sanctifier les âmes pour les conduire au ciel. Ainsi, le but de cette autorité suprême est d’amener les âmes à la vérité révélée, pour les conduire à leur Créateur et Sauveur.
Or, ce but est incompatible avec celui recherché par les idéologies libérales modernes. Nées du Protestantisme et de la Philosophie des Lumières, activement diffusées par la Franc-maçonnerie, imposées dans le monde au prix de persécutions sanglantes ou légales, ces idéologies ont pour but l’émancipation complète de l’homme. Leurs leitmotivs sont les mots « Liberté », « Égalité » et « Fraternité ». Leur conséquence logique est la destruction de tout ordre naturel et surnaturel.
La confusion dans laquelle se trouve l’Église aujourd’hui vient de ce que ces idéologies se sont officiellement imposées dans l’Église à la faveur du Concile Vatican II, lequel s’est volontairement privé du charisme de l’infaillibilité en refusant de définir la vérité, et en se proclamant concile « pastoral ». Tel un cancer, ces idéologies ont tout infesté : magistère, liturgie, droit canonique, enseignement, catéchisme et pastorale. « Toutes ces réformes, en effet, écrivait S.E. Mgr Marcel Lefebvre, ont contribué et contribuent encore à la démolition de l’Église, à la ruine du Sacerdoce, à l’anéantissement du Sacrifice et des Sacrements, à la disparition de la vie religieuse, à un enseignement naturaliste (…) issu du libéralisme et du protestantisme condamnés maintes fois par le magistère solennel de l’Église. »2
Nos prières actuelles doivent donc demander au Seigneur un pape qui usera de son autorité non pour pactiser avec les erreurs libérales – un tel usage de l’autorité n’est pas légitime et ne peut exiger l’obéissance –, mais, au contraire, pour promouvoir les droits de Notre Seigneur Jésus Christ et restaurer la foi et la piété au sein de l’Église ; un pape qui « confirmera ses frères dans la foi »3 et cherchera, selon la devise de saint Pie X, à « tout restaurer dans le Christ ».
Que la Très Sainte Vierge Marie, et son chaste époux saint Joseph, que nous célébrons ce jour, entendent nos prières et présentent nos supplications à la Très Sainte et adorable Trinité.
Abbé Christophe Legrier †