L’abbaye de Cluny: la belle charité d’un prince laïc

Source: District d'Afrique

Abbaye de Cluny

En l’an 909, un pieux chrétien, du nom de Guillaume 1er, puissant compte d’Auvergne, de Lyon et de Mâcon, décida de céder une grande partie de ses terres pour fonder une abbaye. Le nouveau monastère fondé à Cluny allait devenir un centre puissant de sainteté par son rayonnement spirituel.

Pour mieux officialiser ce don, le prince décida de faire lire l’acte de donation lors d’une assemblée seigneuriale, qui eut lieu en septembre 909. En voici des extraits.

Il rappelle d’abord que Dieu est attentif au bon usage des richesses, et que l’homme doit les utiliser pour son salut

« Pour tous ceux qui considèrent sainement les choses, il est évident que la Providence divine conseille aux riches de faire un bon usage des biens qu’ils possèdent en cette vie, s’ils veulent mériter les récompenses éternelles. (…) C’est pourquoi, moi Guillaume, par le don de Dieu, comte et duc, ayant mûrement réfléchi et désirant, quand il en est temps encore, pourvoir à mon salut, j’ai trouvé convenable et même nécessaire de disposer au profit de mon âme de quelques-uns des biens qui m’ont été donnés temporellement. »

Il fait ensuite connaître sa donation

« A tous ceux donc qui vivent dans l’unité de la foi et qui implorent la miséricorde du Christ, à tous ceux qui leur succèderont et vivront jusqu’à la consommation des siècles, je fais savoir que, pour l’amour de Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, je donne et livre aux Apôtres Pierre et Paul le village de Cluny, situé sur la rivière de Crosne, avec son courtil et sa manse seigneuriale, avec la chapelle qui est dédiée en l’honneur de sainte Marie, mère de Dieu, et de saint Pierre, prince des Apôtres, avec toutes les propriétés qui en dépendent »

Enfin, il offre cette donation pour les âmes des vivants et des morts

« Moi Guillaume, avec mon épouse Engelberge, je donne ces choses aux Apôtres déjà nommés, d’abord pour l’amour de Dieu, ensuite pour l’âme de mon seigneur le roi Eudes, pour celle de mon père et de ma mère, pour moi et pour ma femme, c’est-à-dire pour le salut de nos âmes et de nos corps, pour l’âme d’Ava, ma sœur, qui m’a laissé ces possessions par testament, pour les âmes de nos frères et de nos sœurs, de nos neveux, de tous nos parents des deux sexes, pour nos fidèles attachés à notre service, pour le maintien et l’intégrité de la foi catholique. Enfin, puisque, comme chrétiens, nous sommes tous unis par les liens de la foi et de la charité, que cette donation soit faite encore pour les orthodoxes des temps passés, présents et futurs. »