Le Saint Pie - Editorial Septembre 2020
Vie de famille: les merveilles d'un bon examen de conscience
Les vieux livres contiennent parfois des trésors: il serait dommage de s’en priver.
Dans un vieux Missel de 1776, publié par Monseigneur Raymond de Durfort, évêque de Besançon, on trouve un « Examen pour les Maris & Femmes ».
Quelles questions se posaient les Maris et Femmes catholiques, il y 244 ans (!), lorsqu’ils examinaient leur conscience devant Dieu? Chers parents, je vous invite à les lire, et à vous demander si ces questions ne sont pas de nature à vous aider, encore aujourd’hui, dans votre vie de famille. Et vous, qui n’êtes pas parents, lisez également ces paroles chrétiennes d’autrefois. Vous y trouverez des sujets de méditation, si vous vous préparez au mariage, ou des conseils utiles, si vos amis vous en demandent.
Ainsi, cet antique examen de conscience demande aux pères et mères de famille:
« S’ils n’ont point à se reprocher de ne s’être point gardé la fidélité qu’ils se doivent;
S’ils n’ont rien fait contre la sainteté du mariage;
S’ils ont été négligents à se soigner ou à s’aider mutuellement dans leurs maladies et leurs besoins;
S’ils ont manqué de complaisances et de charité pour supporter réciproquement leurs humeurs et leurs défauts;
S’ils ont eu de la jalousie l’un de l’autre;
S’ils ont eu de l’indifférence, du mépris, de la haine l’un pour l’autre;
Si le mari a été sans douceur, et sans condescendance pour la femme dans les choses permises, et si la femme a été sans respect pour son mari, et sans la soumission dans les choses justes;
Si l’un ne s’est point rendu complice ou participant des péchés de l’autre, par une complaisance criminelle.
Les personnes qui ont des doutes sur leurs obligations, dans cette matière, sont tenus de les éclaircir avec leurs Confesseurs »
A travers ces rapides questions, que chaque conjoint devrait prendre le temps de se poser en présence de Dieu, l’Eglise invite les époux à s’interroger:
- Sur la fidélité dans le mariage;
- Sur le respect de la sainteté des lois du mariage;
- Et sur l’esprit de charité qui devrait animer les parents chrétiens.
Vous remarquerez que le monde moderne est en défaut sur chacun de ces points. De nos jours, l’infidélité est devenue une vertu, si l’on en croit les innombrables écrits, commentaires, ou productions télévisées; l’usage de la contraception et de tout ce qui blesse la sainteté du mariage entre dans les mœurs à la vitesse d’un ouragan; les inimitiés profondes au sein du couple sont devenues comme une fatalité, quelque chose qui doit forcément arriver et contre lequel on ne peut rien.
Voyez pourtant comment l’Eglise, à chaque époque, a le soucis de protéger la famille sous tous ses aspects: stabilité, sainteté, charité rayonnante.
En particulier, il est beau de voir comment l’Eglise garde l’ordre naturel entre les époux, tout en protégeant la famille contre l’autoritarisme, la tyrannie, ou l’anarchie.
Il est demandé dans cet examen de conscience que la femme respecte son mari - autrement dit, qu’elle ne l’injurie pas, qu’elle ne « kongosse » pas sur lui, qu’elle ne l’humilie pas en public ou devant les enfants - et qu’elle soit soumise « dans les choses justes »: il y a en effet des choses qui sont injustes, et le mari ne peut pas revendiquer son autorité pour se faire obéir dans de telles choses, car Dieu reste au-dessus de lui, comme de toute autorité sur terre. Pour le reste, pour tout ce qui est permis et qui n’est pas dangereux pour la foi ou les mœurs, que l’épouse accepte la volonté de son époux, même si cela la contrarie. L’harmonie en famille mérite qu’on sacrifie sa volonté propre. Il n’y a rien de pire que la désunion.
Au mari, il est demandé d’avoir de la « douceur », vertu nécessaire pour le bon exercice de l’autorité: autrement dit, qu’il évite de piquer une crise si le repas est servi avec une minute de retard, ou si madame a fait, une fois de plus, l’accident avec la voiture! (même si c’est très agaçant…); et qu’il ne batte pas sa femme… Il lui est demandé d’avoir de la « condescendance », c’est-à-dire d’accepter facilement que sa femme voit les choses autrement que lui. En particulier, qu’il laisse facilement sa femme pour tout ce qui regarde les détails de la vie intérieure de la maison (ornementation, disposition, repas, menus,…), qu’il l’écoute volontiers et qu’il l’associe aux décisions qui intéressent la vie de la famille. S’il n’écoute aucun de ses conseil, les « je t’aime » du début finiront rapidement en « garde-à-vous » de style militaire. Pas idéal entre époux… En revanche, même restriction que précédemment: la condescendance du mari est « dans les choses permises »: un mari ne peut pas accepter que sa femme lui fasse quelque chose qui offense la foi ou les mœurs; ça ne serait plus de la condescendance, mais de la faiblesse.
« On va encore faire comment »? Diront certains, sur un ton désespérés, comme pour dire: les choses sont ainsi; on ne peut rien changer. Eh bien! Voici comment on va faire:
- Il faut d’abord envoyer le désespoir au diable: c’est une chose qui lui revient de droit, car le diable, effectivement, n’a plus rien de bon à espérer. Pour le chrétien il n’en n’est pas ainsi. Il lui est toujours possible d’améliorer sa condition présente, de se corriger, de se sanctifier et de sauver son âme là où il se trouve.
- Ensuite, que chaque parent médite paisiblement cet examen de conscience, et qu’il ne passe pas trop vite sur les points qui font mal... c’est là que Dieu l’attend, pour le soigner et pour le guérir. Ceci demande une humilité plus grande qu’il n’y paraît. Mais pourquoi le chrétien ne travaillerait pas cette vertu qui est à la base de tout progrès spirituel?
Petite précision: quand on fait son examen de conscience, on examine ses propres fautes, pas celles du conjoint... - Il faut enfin agir. Quel effort personnel je vais faire désormais? Et bien sûr, il faut confier nos résolutions à la Vierge Immaculée: les grâces passent par ses mains.
Chers parents chrétiens, chers fidèles, mettons-nous à l’œuvre dès ce jour pour embellir nos âmes. Soyons lucides sur nous-mêmes, ne craignons pas d’examiner notre conscience, et ne fuyons pas les conseils ou les remarques de nos proches. La sainteté passe par ce chemin.