Une Eglise qui veut plaire au monde
Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704)
Le livre de Mgr Athanasius Schneider, Christus vincit, qui vient de paraître en français aux éditions Contretemps, permet de voir comment ce prélat a progressivement pris conscience de la responsabilité du concile Vatican II dans la crise qui secoue actuellement l’Eglise.
A ceux qui pourraient croire qu’une telle prise de conscience est réservée aux ecclésiastiques, experts en théologie et spécialistes du droit canonique, voici le témoignage du vaticaniste Aldo Maria Valli, paru cet été sur son blogue, dans lequel il entend s’exprimer en simple baptisé : « Maintenant que j’approche de la vieillesse et que je ressens le besoin d’aller à l’essentiel de la foi, il me semble que je peux dire, en toute humilité et en tant que simple baptisé, que le Concile a été mû par une erreur fatale : le désir de plaire au monde. »
Il prend soin de préciser : « Je me rends compte que ma déclaration peut sembler hâtive, et je m’excuse auprès des spécialistes du sujet, mais plus j’étudie les années du Concile, plus je suis convaincu qu’il existait une sorte de complexe d’infériorité dans de grands secteurs de l’Eglise [ici l’Eglise désigne par métonymie les hommes d’Eglise], à commencer par le pape Jean XXIII, par rapport au monde. » Et de tirer cette conclusion logique : « Au moment où, de manière plus ou moins consciente, l’Eglise désire plaire au monde, elle commence fatalement à se trahir elle-même et à trahir sa mission. Parce que Jésus n’a jamais voulu plaire au monde, ni accorder de rabais pour paraître sympathique et dialoguer. »
Lucide, Aldo Maria Valli ajoute : « Avec le Concile, les fenêtres ont certes été ouvertes et l’air est entré. Mais en même temps qu’une agréable sensation de fraîcheur, les idées du monde, marquées par le péché, sont également entrées, et l’Eglise en a été contaminée. Que signifie être marqué par le péché ? Brièvement, cela signifie être marqué par la volonté de mettre l’homme à la place de Dieu, parce qu’au fond c’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui comme hier et à toutes les époques. »
Voilà ce que la foi de son baptême permet à ce fidèle catholique de comprendre. Autrement dit, des hommes d’Eglise soucieux de plaire au monde contemporain, désireux de ne pas lui déplaire. Des hommes d’Eglise à la remorque de modes œcuméniques démodables et d’opinions écologiques biodégradables. Des hommes d’Eglise qui s’inquiètent du changement climatique et prient pour la sauvegarde de la Création, sans évoquer ni le péché originel, ni la grâce, ni le Christ qui « est le même hier, aujourd’hui et éternellement. » (Hb 13, 8)
Bossuet leur répond : « Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ? quand on l’approuve et qu’on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance. » (Histoire des variations des Eglises protestantes, 1688)
Abbé Alain Lorans
(Sources : aldomariavalli.it/DICI n° 400 - FSSPX.Actualités)
Illustration : Eugène Guillaume / CC0